Un autre monde commence, sitôt franchie la haie des amis, fiers et nets dans leur uniforme, couleur du sable sur la grève de l’océan.
Le monde du camp nationaliste n’est pas un monde irréel. Ce n’est pas un univers où nous cherchons un refuge, où nous jouons au militant comme d’autres jouent aux Indiens. Ce n’est pas le camp de la fuite, mais celui de la conquête. Nous ne sommes pas là pour nous distraire, mais pour apprendre.
Le camp n’est pas tellement différent de la ville. Si le cadre change, notre combat reste le même. Dans les bois et sous la pluie, auprès des sources ct du soleil, au grand vent de notre amitié, nous sommes en train de construire en nous-mêmes le monde qui sera demain notre monde.
Notre idéal n’est pas seulement un système de pensée. C’est d’abord une manière de vivre. Une centaine de jeunes gens ont fait l’expérience de ce que sera demain la vie au grand air des milliers et des millions de leurs cadets.
Chaque instant de ce camp appartient déjà au monde de demain.
Il est des moments enrichissants et indescriptibles. Ainsi chaque minute de notre vie à ce camp-école.

« Une flamme claire qui ne craint pas la mort », c’est le sens du titre de ce journal, de l’étendard qui flotte sur le camp, de ce qui nous unit à la veillée et qui n’est rien d’autre que la source de vie d’une communauté humaine.
La flamme est le symbole même de la maîtrise de l’homme sur la matière. C’est le symbole de la vie : le combat de l’homme pour vaincre les éléments, garantir la survie de sa cité, assurer le développement de sa communauté dans le monde, c’est-à-dire faire œuvre de civilisation.
Elle est aussi le symbole de la communauté dont nous sommes et pour laquelle nous devons nous battre. Car nous sommes des héritiers et des précurseurs. Génération de précurseurs parce que nous devons rendre à nos compatriotes le sens de leurs propres responsabilités et leur responsabilité générale d’Européens dans le monde.
La vie est un combat, elle prend son sens parce que nous risquons la mort. Nous prenons tous les risques : nous nous sommes engagés jusqu’au bout. Nous sommes logiques avec nous-mêmes. Nous ne craignons pas l’échec, nous ne craignons pas la mort, parce que nous ne savons pas ce que signifie « renoncer ».
Cahiers Universitaires n°25



